Épisode 4 – Jean Pierre Sigaud : entre désillusion et retrait politique du RN
Par Angèle NIVOL
Ancien délégué départemental du Rassemblement national dans l’Allier, Jean-Pierre Sigaud revient sur ses engagements politiques qui ont fait de lui une figure locale bien connue à Vichy.
Jean-Pierre Sigaud, ancien délégué du Rassemblement national (RN) pour l’Allier, est un exemple de ces figures politiques locales qui, déçues par les dérives internes de leur propre parti, préfèrent prendre du recul, voire se retirer totalement de la scène. Après des années d’engagement dans le RN, il a quitté en juin 2021 le mouvement de Marine Le Pen, une décision qui reflète un profond désaveu des pratiques qu’il observait, notamment le parachutage de candidats extérieurs dans des circonscriptions locales. Selon lui, cette stratégie, souvent perçue comme déconnectée des réalités locales, est une atteinte aux valeurs de proximité et de représentation des électeurs.
Son parcours au sein du parti
Le politicien met ainsi fin à une douzaine d’années de militantisme dans les rangs du RN, qu’il a rejoint alors qu’il travaillait à la station météorologique de Vichy-Charmeil en tant que prévisionniste. Après son encartage, Jean-Pierre Sigaud a rapidement pris la décision de s’engager davantage. En 2014, il apparaît sur les listes municipales. De 2016 à 2021, il devient tête de liste aux élections municipales, puis franchit une étape supplémentaire en étant nommé délégué départemental du parti pour l’Allier. Mais en 2021, la décision est prise au niveau national de parachuter les deux têtes de liste pour les élections régionales. Il se confiera au journal La Montagne : « Parachuter quelqu’un dans un département, ce n’est pas très respectueux des électeurs, parce que ça veut dire que ceux qui arrivent sont peut-être mieux que les locaux. » Une décision à laquelle il s’oppose, ce qui lui vaudra d’être démis de ses fonctions de délégué départemental.
Le renouveau du parti RN
Interrogé par L’Effervescent en visioconférence, l’ancien élu RN admet que son ancien parti a réussi le pari de renaître de ses cendres. « Le Rassemblement national a su faire peau neuve, c’est la société qui veut ça, commente-t-il. De plus, Marine Le Pen a fait fort en présentant dans ses dernières élections des gens que personne ne connaissait. » Dans la foulée de son éviction, il prend la décision de ne pas renouveler son adhésion, qui arrivait à échéance. Son intérêt se portera dès lors sur le parti d’Éric Zemmour, Reconquête, fondé en avril de la même année. « J’y suis allé plus en tant qu’observateur, j’ai arrêté de m’impliquer autant que je l’avais fait pour le Rassemblement national », confie-t-il.
Sa vision de l’Allier
Quand on en vient à sa vision pour l’Allier, le politicien affiche un certain pessimisme. « Nous sommes dans une région en perte de vitesse industrielle, avec une agriculture qui souffre et des campagnes qui meurent », déplore-t-il. Il n’est pas plus enthousiaste quant aux perspectives politiques : « Les deux partis [RN et Reconquête, ndlr] ne sont pas envahis d’adhérents », pointe-t-il, avant de relativiser : « Il y a encore des jeunes qui sont prêts à reprendre le flambeau mais ils sont généralement tout feu tout flamme. »
Un refus de l’Union européenne
Jean-Pierre Sigaud rêve d’un Frexit – contraction de France et du terme anglais Exit-, il souhaiterait que la France quitte l’Union européenne. « Plus on fait des choses ensemble (au sein de l’Union Européenne) et moins ça marche, c’est pourquoi en 2005 j’ai voté contre le référendum qui souhaitait établir une constitution pour l’Europe ». Selon lui, un sondage interne au parti aurait été réalisé afin de connaître l’opinion des adhérents à ce sujet. Avec une majorité de contre, la décision a été prise de laisser tomber l’idée.
Angèle Nivol